Tremblements poétiques

C’est une exposition d’une rare densité que nous donne à voir le Botanique, à Bruxelles, avec une trentaine de photographes internationaux réunis autour du thème de la photo tremblée. Eyes Wild Open montre les liens de filiation entre plusieurs générations d’artistes qui ont initié une photographie intuitive après la Seconde Guerre mondiale, avec des pionniers comme Robert Frank, William Klein ou encore les fondateurs de la légendaire revue japonaise Provoke.

Pour ces photographes, il ne s’agit plus de documenter le réel, mais bien d’utiliser le médium photographique pour créer une œuvre intuitive, poétique ou même transgressive. Le photographe s’implique cœur et âme. Il n’est plus à distance. Le processus de création est intense. Il s’agit de capter ce qui fait lien entre un état de pensée ou d’âme et ce qui est à voir. Tout un monde personnel, intime, profond, émerge, celui de l’artiste aux yeux grands ouverts, qui nous offre son ressenti du monde qui l’entoure.
L’exposition est dense, généreuse. Il y a vraiment beaucoup à voir. Commençons par, au centre de l’espace, la présentation du magazine Provoke, créé en 1968 par Takuma Nakahira et Koji Taki, tous les deux photographes et critiques, le poète Takahiko Okada et le photographe Yutaka Takanashi. En seulement trois parutions et 300 exemplaires autoédités, cet ovni au langage visuel brut, flou et granuleux va révolutionner la photographie. On y trouve de la photo, de la poésie, des manifestes.
Tout autour, des photographes du monde entier, pour qui la photo tremblée ou floue est le reflet de leur pensée et de leur ressenti du monde. Plusieurs d’entre eux s’expliquent sur les cartels. Ainsi Tiane Doane Na Campassak (France, 1973) : « Je m’efforce d’être le plus éloigné possible d’une forme d’objectivité en photographie. Pour moi, la seule façon d’atteindre une forme réaliste est d’éviter l’hyperréalisme à travers l’abstraction, la distorsion et l’improvisation. »
Daido Moriyama (Japon, 1938) participe dès le deuxième numéro à la revue Provoke. Ses images floues, au cadrage étrange, déformant le sujet en étant prises de très près, c’est la rupture consommée avec la belle image. Il déploie l’étrangeté dans le quotidien, non sans beauté, érotisme et cruauté : du noir et blanc très contrasté, des personnages, la ville. (…)

Dans le cadre d’un partenariat engagé avec notre consœur belge Muriel de Crayencour, fondatrice et rédactrice en chef du site d’actualité artistique belge Mu-inthecity.com, nous vous proposons de poursuivre la lecture de cet article d’un clic.

Life is Elsewhere, Sohrab Hura, 2011.
Contact

Eyes Wild Open – On a Trembling Photography, jusqu’au 22 avril au Botanique, à Bruxelles.

Crédits photos

Image d’ouverture : Sans titre, 2012 © Stéphane Charpentier – Life is Elsewhere © Sohrab Hura, courtesy Magnum Photos et Experimenter

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