A Namur, le KIKK Festival sous le signe de l’hybridation

Namur, « femme de pierre au langage d’oiseau » : c’est ainsi que le poète Jacques-André Saintonge (1921-1966) décrivait sa cité belge bien aimée, telle une prophétie. « Species & Beyond » (« Au-delà de l’espèce »), fut le thème choisi pour l’édition 2018 du KIKK Festival qui, le temps du week-end de la Toussaint, propulsa dans un futur hybride, paradoxal et sensible la capitale régionale de la Wallonie, fière de ses 2 000 ans d’histoire au cœur de L’Europe. Initié en 2011 par les fondateurs de deux studios de design, Dogstudio et Superbe, le KIKK Festival se veut transdisciplinaire, ambitieux et populaire, questionnant, par le croisement des arts et des sciences, par le prisme du design, du numérique et des biotechnologies, nos usages et nos modes de production. Près de 25 000 visiteurs, venus de toute l’Europe, de Côte d’Ivoire, de Chine, du Brésil, du Chili, des Etats-Unis, du Japon, d’Haïti, des Emirats arabes unis, d’Israël ou encore de Russie se sont retrouvés dans une atmosphère à la fois studieuse, festive et provinciale. Alors qu’un panel international d’une cinquantaine de conférenciers chevronnés professait simultanément au théâtre et au palais des congrès, dans l’esprit des conférences TED, le « KIKK Market » (photo ci-dessus) proposait une intéressante sélection d’une quarantaine de stands qui ne désemplissaient pas : là, à la confluence de la Meuse et de la Sambre, qui abrita l’un des premiers grands comptoirs romains du Nord, les nouveaux artisans d’un art de vivre éco-conscient et start-upers européens investis dans des programmes culturels, architecturaux, sportifs ou ludo-éducatifs ont pu, pendant quatre jours, échanger sur leurs projets avec leurs pairs autant qu’avec un public familial. Cette année, les organisateurs Gaëtan Libertiaux et Gilles Bazelaire, ainsi que la directrice artistique du festival Marie du Chastel, avaient pour la première fois concocté un parcours d’une trentaine d’installations interactives, visuelles et sonores à expérimenter dans une vingtaine de lieux disséminés au cœur de la vieille ville.

Les voix intérieures

SMing, studio Superbe.

Par un soleil éclatant, bien avant l’heure de la messe dimanche matin, d’aucuns ont pu voir sortir de la majestueuse église Notre-Dame d’Harscamp une femme joyeuse et concentrée, mimant dans la rue les gestes d’un chef d’orchestre. C’est qu’elle venait de s’essayer au SMing, un dispositif musical élaboré par les « magic makers » du studio Superbe – que l’on pourra découvrir à Mons du 23 au 29 mars prochains. Il suffit d’une seule note, émise par le son de votre voix pour que, soudain, toute une chorale se mette en place : face à vous, une vingtaine de pupitres répliquant votre portrait reproduit, dans un rapport quelque peu schizophrénique, votre signal sonore enregistré et décliné du baryton au soprano. Il suffit de s’emparer de la baguette posée au centre de la nef et dotée d’un accéléromètre à trois axes pour que ce chœur de clones interprète les mouvements à la lettre, puisant sa partition dans un répertoire d’accords inspirés par de grands compositeurs. Vous vous en trouvez galvanisé ! A moins que vous ne vous sentiez gauche, mal habile ? Vous n’êtes pas convaincu par le résultat ? Reposez la baguette et un bras robotisé reprendra la direction du chœur à votre place, vous suggérant une direction d’orchestre autrement plus harmonieuse. « Le titre du dispositif évoque ce principe actif-passif par les deux majuscules S (position sadique) et M (position masochiste) associées au signifiant “sing”, chanter et faire chanter, se faire chanter, explique Gaétan Libertiaux, qui a imaginé la pièce avec Gaël Bertrand, ingénieur en électronique. Dans ce projet, l’individu (l’indivisé) se confronte à sa dimension fragmentaire, multipliée et divisée. » « Pouvons-nous sans fin nous échantillonner et réinventer les profils de nos vies, réinterpréter une œuvre tout en étant la matière et le pilote, le sujet et l’objet ?, questionne l’auteur, formé à la psychanalyse. Etre un autre pour soi-même est fondamental et indispensable à l’avènement de notre condition de sujet créateur. Cette dissociation est une condition préalable à notre désir, moteur de notre potentiel créatif, quand la musique est certainement ce qui nous lie le plus intimement à la nature, et à sa fonction créatrice. »

Microscopies, Alain Wergifosse, 2018.

Une créativité débridée. C’est bien l’idée maîtresse qui ressort du festival sous toutes ses formes de monstrations, animé par un réel désir de transmission sans nécessairement viser la perfection ou une prise de position affirmée. Mais c’est bien là où les arts numériques opèrent dans une mise en situation, un déplacement du point de vue, une confrontation désopilante parfois, réjouissante ou brutale qui, au-delà de la technologie et du discours conceptuel, vous place face à vos propres limites. L’expérience proposée à la Maison de la poésie par l’artiste et compositeur sonore Antoine Bertin, Hearing gravity, mettait en scène les théories d’Einstein via une « plongée » dans un trou noir. Isolé des bruits du monde par un casque audio, le visiteur était convié par un médiateur à entrer dans une pièce totalement sombre ; du sable mouvant sous les pieds, une voix féminine plus ou moins synthétique lui susurrant à l’oreille de s’asseoir sur un banc placé au bord d’une surface aquatique et de tapoter cette dernière. Tandis que la voix initiait aux principes fondamentaux de la gravité, surgissait le médiateur demandant à ce qu’on lui tienne sa tasse de thé le temps qu’il remette en marche l’installation soi-disant défectueuse. S’ensuivait un nouveau tour de piste dans cette atmosphère étrange, à la fois pédagogique et déstabilisante, au cours duquel, soudain, le visiteur entendait ses paroles prononcées lors de la panne, amplifiées et reproduites à l’infini, lui faisant prendre conscience des distorsions spatio-temporelles de l’univers générées par un trou noir, à l’image d’une pierre lancée sur un trampoline.

L’empreinte

Phonofolium, Scenocosme, 2012.

Plusieurs des installations présentées évoquaient la place de l’homme dans l’univers, son impact vis-à-vis de l’anthropocène ou encore l’empreinte invisible des technologies sur son environnement : dans le jardin adjacent à la Maison de la poésie, une armée de piverts robotisés se mettait à marteler de façon frénétique des troncs d’arbre recouverts d’une plaque de métal dès lors que vous approchiez votre téléphone d’un récepteur d’ondes électromagnétiques posé dans le jardin. Comment ne pas être tenté de faire « subir » cette installation, imaginée par le Berlinois d’origine italienne Marco Barotti, aux dirigeants d’EDF-Enedis qui s’obstinent à vouloir installer un compteur Linky dans votre appartement alors que vous l’avez refusé à plusieurs reprises ! A moins que vous n’ayez décidé, juste après l’expérience, de jeter votre mobile dans la pièce d’eau du Musée des arts décoratifs où barbotent – se prenant pour des cygnes – les paraboles inversées du même artiste, surmontées d’un haut-parleur, tel le rebut déguisé d’une communication télévisuelle de masse obsolète (Swans).
Un autre type d’immersion sensible attendait le public à l’école Sainte-Marguerite où fleurissaient, sous la lumière ultraviolette, les luxuriants bosquets bioluminescents de l’artiste sud-africaine Miranda Moss (The Timid Wilderness, 2018). Leurs fleurs artificielles, sensibles au bruit, se rétractent et referment leurs pétales quand les sons environnants se font trop forts et les perturbent. Certains d’entre vous les ont peut-être mises à l’épreuve lors de l’exposition Capitaine futur, présentée à La Gaîté lyrique, à Paris, l’hiver dernier. Si leur interaction symbiotique avec l’environnement sonore émerveille les grands et amuse les enfants, une autre rencontre, tactile, avec les plantes bien réelles et bien vivaces du duo d’artistes Scenocosme nous donne à reconsidérer la relation que nous entretenons avec la flore et bien au-delà ! Depuis le début du siècle, Grégory Lasserre et Anaïs Met den Ancxt n’ont cessé d’explorer ces questions à travers des œuvres privilégiant nos sens tactiles : avec Phonofolium, créée en 2012, les végétaux qui captent nos ondes électrostatiques, dès lors que nous en effleurons les feuilles, nous répondent par des bruissements et des chants dont les sons s’intensifient au toucher. Ne sommes-nous pas aveuglés par le monde visible de nos alter ego, alors que nous sommes tout autant les émetteurs et les récepteurs inconscients d’échanges imperceptibles qui dépassent largement la notion d’espèce ?

Fragile équilibre

Palais de cire, Luce Moreau.

A la galerie du Beffroi, une exposition collective d’une dizaine d’artistes mettait en exergue, par le biais de vidéos, d’installations complexes, d’arrêts sur images et de sculptures le fruit d’observations et de collaborations art-science. Sur une douzaine d’écrans placés au mur, des composés aqueux de microalgues et de plantes, magnifiés par un système optique et sonore de captation spécifique, produisaient des boucles génératives à l’esthétique abstraite sublime et émouvante : les Microscopies (2018) de l’artiste vidéaste et compositeur belge Alain Wergifosse semblaient s’étirer dans un temps ralenti, comme des cosmogonies de laboratoires prises entre deux lamelles de verre, alors que les méduses de Robertina Sebjanic et Slavko Glamocanin, objets vivants d’une fascination trouble, aussi prometteuse que répulsive, assuraient par leur mouvement circulaire l’activation d’un poumon à la composition hybride (Aurelia1 + Hz / proto viva genator, 2013).
Biomimétisme et collaboration entre les espèces faisaient partie des thèmes abordés lors des conférences : l’artiste française Luce Moreau a notamment présenté dans ce cadre ses Palais de cire, conçus selon l’architecture du phalanstère de Charles Fourier, qu’elle avait soumis à une population d’abeilles et dont on pouvait apprécier les transformations dans l’exposition après leur passage en ruches. Or, si l’abeille se pose comme l’espèce iconique d’une catastrophe écologique amorcée par l’homme, dont elle sert pourtant la pérennité, ces utopiques Palais nous rappelaient qu’elle incarne aussi une équation fondamentale du travail : les reines créent les ouvrières, mais ce sont les ouvrières qui font les reines ! Question d’éthique ou d’équilibre naturel, la loi de la conservation de la matière exprimée par Antoine Laurent de Lavoisier – homme de science, philosophe, économiste et grand révolutionnaire de la chimie moderne, guillotiné en 1794 –, « rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme », semblait parfaitement illustrée par les sculptures de l’artiste néerlandaise Xandra van der Eijk, Future Remnants (Les restes du futur, 2018), dont les originaux métalliques (zinc, aluminium, fer, cuivre), plongés ne serait-ce que deux à dix jours seulement dans des produits d’entretiens domestiques, en ressortirent superbement altérés.

Strange visions (détail), Heather Dewey-Hagborg, 2012-2014.

Plus difficile à décrypter et nécessitant sans doute une médiation appropriée, les singuliers portraits-robots de l’américaine Heather Dewey-Hagborg (Strange visions, 2012-2014), reconstitués en impression 3D à partir du prélèvement d’un échantillon d’ADN trouvé sur un chewing-gum, un brin de cheveux ou un mégot de cigarette jeté dans la rue, se posaient comme contre-point critique d’une politique de contrôle sécuritaire, dont les méthodes basées sur le prélèvement ADN médico-légal – jugées trop peu fiables pour être utilisées en criminologie – furent pourtant actées par la police aux Etats-Unis, deux ans après la création de l’œuvre. Si celle-ci met notamment en exergue l’importance d’introduire auprès du public les points de vue disruptifs d’artistes qui mènent une veille constante sur les interconnexions entre le politique, l’entreprise et la recherche, il était aussi réjouissant de redécouvrir à Namur, aux côtés de pièces originales récentes, des œuvres qui ont déjà leur place dans une histoire de l’art numérique.
« Nous nous réunissons autour d’une table avec Gaëtan Libertiaux et Gilles Bazelaire et décidons du commissariat ensemble, précise Marie du Chastel, qui ne sait pas encore quel sera le thème du prochain KIKK Festival, mais qui entend développer et poursuivre des collaborations initiées avec d’autres partenaires comme La Gaîté lyrique, dans le cadre desquelles l’œuvre coproduite de Miranda Moss (The Timid Wilderness) partira par exemple prochainement au Togo avec Les voyages du Capitaine futur*. Nous sommes en train de mettre en place une plate-forme de production et de diffusion artistique avec des résidences d’artistes. Mais le KIKK, c’est aussi – outre des médiateurs bénévoles –, une équipe de douze personnes mobilisées à plein temps, un mois avant le festival, un magazine semestriel (King Kong) qui mène une veille sur ces questions de prospective art et science et d’innovation transdisciplinaires, ainsi qu’un réseau d’entreprises et un fab lab ouvert toute l’année à Namur, sans oublier des ateliers à destination des jeunes publics. »

Searching for Utopia, Jan Fabre.

500 000 euros, tel était le budget de l’édition 2018 soutenue par ses deux principaux sponsors, la banque Belfius et Digital Wallonia, une plate-forme de services et de promotion entrepreneuriale qui fixe le cadre et les priorités pour les transformations numériques de la région. Pour la petite histoire des arts contemporains en espace public, sachez qu’en 2015, la même somme fut réunie par une souscription publique, avec le concours du ministère du Tourisme et de la Fondation Roi Baudoin pour permettre à la ville d’acquérir la fameuse tortue de bronze, Searching for Utopia, chevauchée par son créateur, Jan Fabre, qui surplombe la citadelle et rayonne sur toute la province, comme l’indique un QR Code près de l’œuvre. Il fallait bien tout un week-end pour apprécier et découvrir tous ces trésors disséminés dans la ville natale du peintre et poète Félicien Rops (1833-1898), dont le musée ouvert toute l’année profitait du « KIKK in Town » pour soumettre à l’approbation de ses visiteurs une application de réalité virtuelle pérenne. L’ironie du sort voulut qu’en ces jours de festival, les parents poussèrent leur progéniture à tester les nouveautés : ainsi petits garçons et petites filles pouvaient admirer, en toute tranquillité, les yeux écarquillés au fond de leurs masques de VR, les fameuses Dames au pantin (1873-1890) et poitrines généreusement dénudées, tenant dans leurs mains des vieillards dont les bourses se vidaient de leurs louis d’or alors qu’une voix off scandait de façon ambigüe « Ubi Mulier, Ecce Homo ! » (« Où est la femme, voici l’homme »). Tandis que la prostituée était virtualisée au musée, la madone nous apparaissait à la cathédrale Saint-Aubain sous la forme d’une énigmatique sculpture de leds en dégradé de bleus. Perceptible à distance, l’insaisissable Pietà réalisée par Dominic Kießling, du studio berlinois Pfadfinderei, se révélait au cours d’une lente rotation de lumière et disparaissait dans un fondu de couleur flouté au fur et à mesure qu’on s’en approchait pour en distinguer l’image muette (lire notre encadré).

Vue de la Boudin Room.

A la nuit tombée, habitée par une étrange musique provenant de sa citadelle, Namur retrouvait alors ses parures de bourgade moyenâgeuse, aux enseignes usées par les tempêtes. Alors que certains hantaient le pavé fardés pour Halloween, d’autres se dirigeaient vers les sous-sols de la faculté de médecine, haut lieu de la « guindaille namuroise », pour se livrer à un rituel tout aussi paganiste : là dans le « bunker » aux murs graphités, baptisé avec ironie « Boudin Room », deux DJs « sataniques », DC Salas et DTM Funk, enchaînaient sans répit les salves d’une musique électro-jazzy, funk, endiablée, alors que Simon le boucher, ex-trader et fondateur du label Goûte Mes Disques, découpait de la bidoche sur scène qu’il passait au hachoir électrique sous le regard phototropique amusé des smartphones. Quelques minutes plus tard et sans jamais perdre le tempo, le maître de cérémonie aux bras tatoués offrait aux danseurs le boudin qu’il venait de cuisiner derrière les consoles. « On est comme ça, nous les Belges, on aime la viande et on aime clôturer le festival dans une ambiance festive et généreuse sans trop se prendre la tête ! », assume Marie du Chastel. Au-delà des espèces, oui, mais sans pour autant renier les plaisirs et contradictions des hommes. « Nous courrons vers notre extinction, mais le rôle du design, c’est de s’y rendre de la façon la plus élégante ! », annonçait avec ironie Paola Antonelli, fondatrice du département Recherche et Développement du MoMA, où elle est aussi conservatrice en chef de l’architecture et du design, concluant la première journée de conférences par un déroulé du programme de la 22e Triennale de Milan (qui se tiendra du 1er mars au 1er septembre 2019), dont elle assure la commissariat sur le thème Broken nature !

* Les Voyages du Capitaine futur est un projet de coopération européenne mené par Ciné kid, Woelab, La Gaîté lyrique et KIKK.

Pfadfinderei, du design à la sculpture

Monolith, Dominic Kießling, studio Pfadfinderei.

Présentée sous le visage d’une Pietà pixélisée en un dégradé de bleus, l’œuvre de Pfadfinderei dans la cathédrale Saint-Aubain dans le cadre du parcours artistique « KIKK in Town » du festival des cultures numériques de Namur, inaugure un nouveau type d’image vidéo, proche de la sculpture. Nous avons voulu en savoir davantage sur cette nouvelle création du célèbre studio de création digitale berlinois. « Que se passe-t-il si vous jouez sur un pattern de pixels irréguliers, sur un écran non uniforme ?, s’est demandé Dominic Kießling. Comment cela peut-il influencer notre perception des images, ou encore combien d’information faut-il pour franchir la ligne entre l’abstraction et le figuratif ? Partant de ces questionnements, avec la complicité de Thomas Vanta pour le code, nous avons créé une sculpture vidéo, Monolith, qui mixe l’écran et son contenu, jouant sur la beauté classique évanescente d’un buste de femme, qui se transforme de façon cyclique en un dégradé de couleurs et dont les traits, précis lorsque vous êtes à distance, sont à peine perceptibles dès lors que vous vous rapprochez. »

Monolith (détail), Dominic Kießling, studio Pfadfinderei.

Posé sur le sol de la basilique Saint-Aubain, un cadre de bois de 2,70 m par 2,70, sur lequel sont fixés des tubes de verre acrylique lumineux de tailles différentes, traversés par des leds, compose un écran de pixels courts en son centre, longs en ses bords. Jouant ainsi sur une résolution inégale et appauvrie de l’image révélée – altérée par un effet de pixelisation standard que l’artiste a quelque peu ajusté via le logiciel After Effects (d’Adobe) – et qui confère à la pièce un aspect flouté sur les côtés, lors d’une rotation faisant tour à tour apparaître et disparaître l’image d’une vierge au regard interdit. « Le processus de fabrication fut très expérimental, poursuit Dominic Kießling. Avançant pas à pas, j’ai d’abord recherché des modèles 3D de bustes classiques, et j’ai créé d’autres contenus à partir du même dispositif mais, pour une église, j’ai choisi celui qui me semblait le plus énigmatique ; l’absence de bande son lui conférant une charge sacrée. Monolith n’a donc pas été spécifiquement créé pour la cathédrale de Namur, ma démarche consistait davantage à poursuivre une idée et à ne réfléchir qu’ensuite à l’endroit où on pourrait la réaliser. La pièce a d’ailleurs été exposée au Gather Festival de Stockholm, en 2017, et au Retune Festival de Berlin en 2018. »
Alors que le studio Pfadfinderei, lié à la scène musicale berlinoise depuis 1998, s’est spécialisé dans le motion design, la scénographie de concerts et l’événementiel, Kießling ne semble pas préoccupé par le carnet de commande ! « Récemment, j’ai été très impliqué sur la création du dernier show de Moderat, avec qui nous travaillons depuis le début. Mais personnellement, j’ai de plus en plus envie de créer pour un contexte plus artistique. Cela est assez nouveau pour nous, même si Pfadfinderei a déjà réalisé quelques expositions pour l’ISM (Institute for Sound and Music), à Berlin, pour le Mappea Festival, en Espagne, ou le Centre Pompidou, à Paris. En ce moment, je me concentre plutôt sur des pièces sculpturales et je ne prends que très peu de travaux de commande pour pouvoir explorer de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux. »

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Crédits photos

Image d’ouverture : ATLAS, une expérience de réalité augmentée proposée par Yann Deval et Marie G. Losseau dans le cadre du KIKK Market (encore à la recherche de partenaires et qui sera complétée en 2019) © Photo Orevo – Toutes les photos sont créditées du nom de l’artiste et Orevo

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