Dominique Digeon – L’art imprévisible du pelage

Doué d’une inépuisable curiosité, Dominique Digeon poursuit des recherches où s’entrecroisent métaphysique et matérialité, sonde l’invisible, les secrets les plus intimes de ses matériaux favoris : bois, caséine, cuivre, vernis, pigments et couleurs acryliques. Ce sont autant de complices avec lesquels l’artiste protéiforme élabore, depuis des années, une œuvre aussi dense que diversifiée. Il affronte le papier, défie la toile, explore la gravure, invente des livres d’artistes, se frotte à la sculpture – née de sa passion pour les échecs – et se voue sans ambages au carré et au Tondo. Voici une douzaine d’années, cet alchimiste de l’imprévisible laisse s’échapper de ses cornues une découverte inédite, celle des papiers pelés. « Le pelage a pour base un fond de peinture sur lequel est rapidement posé un ensemble de papiers préalablement travaillés, incisés, encrés, peints, froissés, découpés ou déchirés, explique l’artiste. Après avoir ébauché une « composition préparatoire », suivie d’une opération de collage et de séchage, il entreprend le « pelage » dont il a le secret, soit le « retrait, épaisseur par épaisseur, de toutes les couches de papier jusqu’à la réapparition du fond peint, des bords, des limites de chaque morceau de papier ». Dans sa dernière série de papiers pelés, Dominique Digeon développe le thème de l’humain et de son éclatante symbiose avec la nature. A travers un ensemble de portraits, dont émane un indéniable souffle floral, il dissèque et fragmente les visages comme pour mieux les recomposer, leur redonner une unicité dont il est le garant et les disposer dans un univers dont il est le seul maître.

GALERIE

Cols bleus, caséine et papiers pelés@sur toile

Cercle, caséine et papiers pelés@sur toile