Simon Evans Prix Canson 2014 – Cartographie des émotions

Initié en 2010 par la marque éponyme, le Prix Canson entend saluer le travail prometteur d’un artiste ayant fait du dessin le mode d’expression privilégié de sa démarche. Le Français Fabien Mérelle en fut le premier lauréat, suivi par le Néerlandais Ronald Cornelissen en 2011 et la Zimbabwéenne Virginia Chihota en 2013. Cette année, c’est le Britannique – installé à New York – Simon Evans (né en 1972) qui a conquis le jury. Présidé par Yan Pei-Ming, ce dernier s’est prononcé hier soir lors d’une cérémonie organisée à la Fondation Miró, à Barcelone(1). « Le jury composé de personnalités fortes a, par ce choix, souhaité saluer cet artiste issu des cultures underground anglo-saxonnes, qui livre une œuvre plastique pleine de poésie où le papier devient sculpture, collage ou recyclage », a déclaré le peintre franco-chinois. Artiste autodidacte, Simon Evans a eu un parcours atypique : après avoir été skateur, il s’est adonné à l’écriture – de nouvelles et de chansons – ; une affection pour le langage et les mots que l’on retrouve dans son œuvre dessinée. Complexe et dense, elle est le fruit, notamment, de patients collages et de minutieux assemblages constituant un ensemble de graphiques, schémas, plans, inventaires et autres lexiques ; autant de moyens d’explorer et de définir les contours de territoires inédits, à travers lesquels l’artiste, « étranger en terre étrangère », livre son état du monde : non dénué de mélancolie, il oscille entre douce ironie et humour corrosif, surprise et ravissement. « J’essaie d’intégrer le monde extérieur à ma vision intérieure », expliquait Simon Evans en 2012, à l’occasion de l’exposition de son travail au Mudam, au Luxembourg. Une démarche qui l’a conduit, au fil du temps, à déployer une singulière cartographie émotionnelle alliant introspection et projection. « Je suis heureux lorsque mes travaux interpellent l’observateur, lorsque l’on ressent l’énergie que j’y ai transférée, précisait-il. La question hésitante de mon père “En quoi cela est-il vraiment utile ?” m’offre la résistance nécessaire et ne cesse de constituer pour moi un fil conducteur. »(2) Quatre autres artistes étaient en lice pour cette édition 2014 du prix : les Français Gilles Barbier et Alexandre Singh, la Canadienne Deborah Grant et le Mexicain Bayrol Jiménez. Leurs travaux sont exposés avec ceux du lauréat jusqu’au 30 juin à la galerie Esther Montoriol de Barcelone.(1) A partir de cette année, le Prix Canson sera tour à tour présenté à Paris et dans une grande ville étrangère.

(2) Propos publiés sur le site du Mudam, à l’occasion de l’exposition de l’artiste accueillie en 2012 par l’institution luxembourgeoise.

Simon Evans
28 Years, Simon Evans, 2007
Gilles Barbier, courtesy galerie GP & N Vallois
Le moteur auxiliaire, Gilles Barbier
Deborah Grant
Conflict With NO Interest, Deborah Grant, 2011
Bayrol Jiménez
Roads of devotion, Bayrol Jiménez, 2012

GALERIE

Contact
Jusqu’au 28 juin à la galerie Esther Montoriol, diputació 339, 08009 Barcelone. Tél. : +34 932 448 521, www.montoriol.com. Ouvert du mardi au vendredi de 11 h à 14 h et de 17 h à 20 h 30. http://fr.fondscanson.com
Crédits photos
Le moteur auxiliaire © Gilles Barbier, courtesy galerie GP & N Vallois,Big Ghost © Simon Evans,Conflict With NO Interest © Deborah Grant,Roads of devotion © Bayrol Jiménez,The Miracle (Manna) © Alexander Singh, photo Timo Ohler,28 Years © Simon Evans
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