Comparaisons et fusions au Grand Palais

Dimanche, fin de matinée, les rames du métro sont à demi pleines et, d’une langue l’autre, les voyageurs particulièrement volubiles. Il faut dire que la ligne 1 traverse un Paris très touristique : Bastille, Saint-Paul, Louvre-Rivoli, Tuileries… A la station Champs-Elysées-Clemenceau, un groupe se dirige vers la sortie Grand Palais. Il ne reste plus qu’à le suivre. Dehors, le temps est blanc, l’hiver pousse l’automne et l’entrée coloriée par Buren ouvre sur l’Art en Capital, cinq salons réunis sous la si éclatante et si convoitée grande nef de verre ! Société des artistes français, salon des Indépendants, salon du Dessin et de la peinture à l’eau, Société nationale des beaux-arts et Comparaisons – celui qui nous importe ici –, sont réunis pour l’occasion et proposent de découvrir des centaines d’artistes qui n’exposent qu’une toile chacun. Des couleurs vives au sol délimitent les espaces et permettent de se repérer. Comparaisons, qui d’entrée de jeu offre ses cimaises, est organisé autour de près de trente chefs de groupe, et plus de 400 œuvres. « En 1956, Max Ernst, Corneille, Bernard Buffet, Léonor Fini, Goetz, Istrati, Léon Zack étaient sur les cimaises. Vint très vite la présence remuante et dérangeante des lettristes avec Isidore Isou. Dès 1960, François Dufrêne présente de nouvelles recherches et Jacques Villeglé anime le groupe des Nouveaux Réalistes avec Raymond Hains, Arman, Gérard Deschamps, Niki de Saint-Phalle et Daniel Spoerri. Le premier tableau bleu monochrome de Klein a provoqué des polémiques ainsi que sa « zone de sensibilité picturale immatérielle ». La première sculpture bruyante de Tinguely a été présentée à Comparaisons. Le bruit fait autour de ces événements ne doit pas occulter ce qui fait la continuité et la force du salon, c’est-à-dire des groupes mis en opposition : du trompe-l’œil au lyrisme débridé en passant par le géométrisme le plus radical », explique André Sable, vice-président du salon, sur le site Internet de la manifestation.

Une si belle histoire ne peut qu’attirer les amateurs, mais les plus entichés ou les plus fervents devront prévoir une journée pleine s’ils veulent épuiser autant de découvertes. Loin de raviver les querelles entre abstraits et figuratifs, Comparaisons prend soin de n’oublier aucune des tendances picturales actuelles. Choisissons deux exemples qui s’expriment avec force mais dans un langage différent. Autour de Jean-Jacques Lapoirie, le groupe Signes et Traces explore la symbolique des signes qui revendiquent du sens. Et ceux de Riccardo Licata dialoguent avec les mémoires enfouies, ancrées dans la matière, de Bernard Clarisse. Plus loin, le groupe Expressionnisme de Jörg Hermle prend le temps à rebours et broie allègrement les couleurs pour mieux dépouiller la vie de ses oripeaux. « Tout porte à croire que l’Expressionisme n’est en aucun cas une recherche formelle, mais un cri venant de l’intérieur », explique le peintre. Une affirmation illustrée par le choix d’œuvres signées Bernard Thomas-Roudeix, Béatrice Englert, Nicolas Canu, Elisabeth Walcker ou Stéphanie Reymond pour ne citer qu’eux. Tous les groupes ne sont pas d’égale qualité ni toutes les œuvres d’égale force, mais c’est dans la diversité que l’œil s’exerce et dans la profusion que le choix existe.

MLD, courtesy Comparaisons
De gauche à droite, des œuvres signées par Nicolas Canu, Béatrice Englert et Jörg Hermle, 2009

GALERIE

Contact
www.comparaisons.org Grand Palais, Avenue Winston-Churchill, 75008, Paris, France.
www.grandpalais.fr.

Crédits photos
De gauche à droite, des œuvres signées par Nicolas Canu, Béatrice Englert et Jörg Hermle © MLD, courtesy Comparaisons,De gauche à droite, des œuvres signées par Riccardo@Licata et Antoine de Bary © MLD, courtesy Comparaisons
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