Un week-end à… – Lyon, la moderne

La biennale d’art contemporain de Lyon, qui s’est ouverte le 10 septembre dernier et se déploie sur le thème de la modernité dans toute la métropole jusqu’au 3 janvier 2016, nous offre l’occasion d’ouvrir une nouvelle rubrique. A travers elle, nous vous proposerons régulièrement de partir à la découverte d’une ville et de sa programmation art contemporain, celle des musées et institutions incontournables comme celle d’acteurs méconnus en dehors des frontières de la cité. Direction donc la capitale des Gaules, devenue au fil de la mutation de plusieurs de ses quartiers, un des points de passage obligé du tourisme culturel européen.

Bien ancrée dans sa contemporanéité, la cité industrieuse de la soie a désormais bien d’autres attraits que son architecture florentine, ses canuts, ses bouchons et ses traboules, permettant d’y savourer ce que les acteurs de l’art y ont apporté au cours des vingt dernières années. Lyon n’est plus non plus cette mégapole du sillon rhodanien traversée par « l’autoroute des vacances », mais une destination où il fait bon « flairer l’art » à pied, en Vélo’v, en bateau, ou en tramway… Un week-end n’y suffira sans doute pas !

Du Musée d’art contemporain, vaisseau amiral de la treizième biennale, aux friches réhabilitées de la Sucrière et autres architectures d’exception du nouveau quartier de la Confluence, il était temps de donner un coup de projecteur sur le grand Lyon : sur sa plate-forme Veduta qui, par le biais des pratiques amateurs, de la reproduction des œuvres ou par l’invitation d’artistes en appartement propage l’essence de la biennale dans plus de six villes adjacentes ; sur ses galeries historiques de la rue Burdeau et celles, plus récentes, du 7e arrondissement ; sur ces lieux de création, de réflexion et d’exposition qui, de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts aux rives de Saône, en passant par l’IAC de Villeurbanne, soutiennent, en marge de, ou en résonnance avec, une Biennale XXL, la création contemporaine tout au long de l’année. Que ce soit dans ses pratiques, ses constats, sa poésie et/ou ses doutes. 

« La vie moderne » : une vision dystopique de la mondialisation

Alors que Lyon arbore une certaine idée la modernité avec ses infrastructures facilitant des transports publics écologiques, ses berges de Saône aménagées en promenade et son impressionnant Musée des Confluences, posé tel un vaisseau spatial à la pointe des deux axes maritimes qui bordent son cœur, c’est une vision plutôt désenchantée d’un rêve de modernité que la Biennale 2015 expose : « Il s’agit ici de son caractère paradoxal et de ce qu’elle nous a donné en héritage », nous explique le commissaire général, Thierry Raspail, directeur du Musée d’art contemporain, qui s’est fait épauler dans ses fonctions éphémères par l’Américain Ralph Rugoff, actuel directeur de l’Hayward gallery de Londres. C’est à l’aune du XVIIe siècle qu’il faut savoir apprécier l’essence même du “moderne” nous explique-t-on : « Quand l’Europe découvre les nations grandioses : la Chine en 1689, le Japon, l’ensemble du Sud-Est asiatique et le sous-continent indien. » Pour le commissaire anglo-saxon, « le moderne d’aujourd’hui est un contemporain qui n’a rien oublié de ses promesses enchantées, de ses prémices, mais qui n’y croit plus ! Une forme inachevée et par conséquent dégradée ».

Soixante artistes issus de vingt-huit pays différents ont été conviés au Musée d’art contemporain et à la Sucrière sur les bases de ce constat. Quelque 60 % d’entre eux ont créé une œuvre originale sur la thématique, qui vaut d’ailleurs pour les deux prochaines éditons de la biennale. Aussi divers soient leurs approches esthétiques, les médias qu’ils utilisent ou leurs postures, leur regard interroge « La vie moderne » par le prisme d’une globalisation dont les débordements du commerce et du marketing, outre la pollution et l’asservissement de la planète, laissent les relations humaines en état de choc.

Photo Orevo

Le Musée d’art contemporain s’enrichit de nouvelles créations…

Au troisième étage du Mac Lyon, les photographies du Berlinois Johannes Kahrs (Feed my soul, 2015) vous saisissent dès la sortie de l’ascenseur : ses portraits de stars défoncées, abîmées par la solitude, l’alcool et la célébrité affichent d’emblée le revers de la médaille. D’autre artistes comme Fabien Giraud & Raphaël Siboni ont, pour leur part, choisi de puiser leur inspiration dans l’histoire locale : leur film La mémoire de masse fait référence à la révolte des canuts, l’insurrection des tisserands lyonnais de 1831 ; il met en scène la puissance de la machine qui prévaut toujours sur l’homme, comme ces mondes presque parfaits que sont les rouages mécaniques sur lesquels s’attardent de magnifiques plans macroscopiques. Dans une petite alcôve intimiste, la vidéo décalée (Rhythmasspoetry, 2015) d’un duo inédit, formé par Cécilia Bengolea et Jeremy Deller, réunit par l’entremise d’un clip les acteurs de deux mondes aux antipodes : trois danseuses de dancehall originaires de Vaulx-en-Velin – banlieue emblématique, dans les années 1990, d’une réaction citoyenne violente contre l’exclusion sociale –, et l’ancien adjoint au maire de Lyon, Denis Trouxe, chargé de la Culture et du Patrimoine, qui interprète ici les paroles d’un rap volontairement caricaturales, allongé dans sa maison cossue des quartiers ouest. On retiendra, également, la vidéo de l’Argentin Miguel Angel Rios (The Ghost of Modernity Lixiviado, 2012), dans laquelle un cube transparent survole un village désert, constitué de petites habitations de taule éparses, sur une bande son signée John Cage – emplie de bruits inquiétants de trains et de portes métalliques – créée en 1947 pour le film de Hans Richter Dreams that money can buy. Sommes-nous à l’intérieur ou à l’extérieur du cube, questionne ce film ? Plus loin, d’autres cubes aussi impressionnants que le seraient une vingtaine d’hologrammes postés dans une salle noire mettent en scène, par de simples portraits vidéos diffusés à travers des vitrines sans son, les expressions négatives d’êtres humains et celles de trois animaux : Turtle, lion, bear, du chinois He Xiangyu, restitue par des rendus extrêmement ralentis des bâillements évoquant l’ennui, la faim et la fatigue. L’installation réalisée avec un soin inouï fait l’effet d’une étrange traversée ! Dans un tout autre style, entre laboratoire et chantier, l’arrêt sur image d’Emmanuelle Lainée, à l’échelle d’un appartement qui viendrait de subir un tremblement de terre, nous semble presque réjouissant et libérateur : sa débâcle de plantes vertes, sceaux, caisses de transport, chaînes suspendues, peintures, hamburgers et autres glues – Il paraît que le fond de l’être est en train de changer ? –, mise en scène in situ,est à découvrir dans le rayon de soleil qui pointe, à midi, dans l’axe même de la pièce par la fenêtre du musée.

L’incontournable Magazine, photo Cédric Roulliat
L’incontournable Magazine
Le Mac Lyon est situé au cœur de la Cité internationale, en bordure du parc de le Tête d’or, qu’il est conseillé de parcourir par n’importe quel temps pour la beauté de ses points de vues et de ses compositions florales, et pas seulement parce qu’une œuvre signée Darren Bader y est installée ! Retour à l’intérieur, comme si l’artiste nous plaçait soudain dans le vestibule d’une maison bourgeoise, ou peut-être même celui de son oreille interne : l’installation de Camille Henrot (Untitled, 2015) met en regard sur les quatre murs de la pièce de grands dessins à l’humour équivoque, plaçant l’individu dans des situations de fragilité cocasses. Au centre, une immense oreille de bronze, reliée à un cordon comme s’il s’agissait d’un téléphone à l’ancienne, débite un texte sur le ton de l’injonction pratiqué par les sociétés de services – « Pressez le 1, le 2, le 3, » etc. –, sans interlocuteur au bout du fil. A la différence près, qu’ici, la hot line de l’artiste nous invite à résoudre des problèmes existentiels tels que l’angoisse, les difficultés sexuelles, les tourments au travail ou la perte d’un être cher.

Dans une autre salle, un polyptyque émouvant constitué de cinq dessins du jeune plasticien algérien Massinissa Selmani retrace le débarquement d’une famille de migrants sous la forme d’un story-board édulcoré : T’en fais pas, moi je plante des clous, créé pour la Biennale,dialogue avec Souvenir du vide (2011-2015), une série d’animations projetées sur des cubes en papier calque du même artiste où se mêlent des images de moments de vie aussi tragiques que drôles. Ces dessins évoquent comme un rêve qui s’efface, une mémoire personnelle, alors que sur le mur d’en face les hommes nus et stéréotypés comme des clones de Thomas Eggerer ont l’air de reproduire les mêmes gestes, perdus dans l’immensité de l’océan : le photoréalisme troublant de Waterworld, une huile sur toile produite dans le cadre de la Biennale, nous renvoie ici au conformisme et à la solitude d’une destinée toute tracée. Et quand avec Border (2013), Lai Chih-Sheng nous fait prendre un peu de hauteur et marcher le long d’une corniche, c’est pour mieux surplomber une poubelle géante versée à nos pieds, qui n’est autre que l’amas de déchets produits par l’installation d’une exposition.

Plus de trente propositions d’artistes nous immergent ainsi dans leur univers sur les trois étages du musée. La plupart jouissent de leur propre espace, c’est une des particularités du Musée d’art contemporain de Lyon qui peut adapter l’architecture modulaire de ses salles d’exposition à la demande des artistes. Depuis son ouverture en 1995, et à l’issue des biennales précédentes, le Mac s’est ainsi enrichi d’un fonds qu’il peut désormais faire circuler : tel était l’un des concepts fondateurs de la biennale !

Camille Henrot, photo Blaise Adilon, courtesy Kamel Mennour et Biennale de Lyon
De gauche à droite : No Battery, Hello & Thank you, Failed Dog Training, Camille Henrot, 2015
He Xiangyu, photo Orevo
Turtle, lion, bear (détail), He Xiangyu
… Et se « délocalise » à l’Hôtel de Région

C’est au sein du nouveau quartier de La Confluence, à l’Hôtel de Région conçu par l’architecte Christian de Portzamparc, qu’on trouvera, en accès libre, les œuvres de 25 artistes issues de la collection du Mac : on y (re)découvre le premier tirage photographique de Tchernobyl, pris par Louis Jammes à l’intérieur de la centrale interdite quatre ans après l’accident ; (é)preuve – s’il en fallait d’autres – d’une modernité en total dérapage incontrôlé, montrée lors de la première Biennale de Lyon en 1991. En référence aux documentaires choc du réalisateur éditorialiste italien Gualtiero Jacopetti, l’installationde Peter Robinson, The Jacopetti Effect – Duck Rock Part 1, créée en 2000 – année de tous les points de fuite –, cristallise avec ses babioles symboliques et slogans au ras du sol autant de corrélations de causes à effets que d’acteurs économiques et « influenceurs » d’opinion en jeu sur le tapis. Alors qu’une toile d’Ed Ruscha immortalise Hollywood, figure emblématique de la grande farce mondiale, par un contrechamp du fameux néon planté dans les collines de Santa Monica (Back of Hollywood, 1977).Sur grand écran, la poésie d’une vidéo signée William Kentridge (Shadow procession, 1999-2001) témoigne inlassablement d’une forme de résistance contre la ségrégation raciale. Plus loin, une jolie femme en position fœtale enfermée dans un poste de télévision (Horizontal Egg Roll TV, 1963-1995)par Nam June Paik (1932-2006) nous interroge sur l’évolution des rapports hommes/femmes, assez peu traités dans cette édition de la Biennale, alors qu’ils sont pourtant le gage incontournable d’une modernité tangible. Que retenir des fameux échanges de couple de Marina Abramovi? et Ulay sur le thème « living » (AAA, 1978-1999), dont on pourra regarder le film, après s’être délecté des restes d’un repas par Daniel Spoerri (Restaurant, 1968) ? Faut-il s’amuser d’une machine à laver qui tourne sur elle-même (Rotomatic, 2011)de Daniel Firman ? Et que peut bien encore recéler le livre de Laurie Anderson dont les pages sont ventilées depuis 1974 (Windbook) ? A l’entrée, le rideau géant de Rafael Soto (1923-2005), composé de filaments de plastique jaune, fait office d’architecture (Pénétrable de Lyon, 1988) pour mieux nous propulser dans Ce fabuleux monde moderne – intitulé de l’exposition – en pleine explosion, dont les métaphores sont servies ici sur une mezzanine de 600 m2 qu’on appelle le Plateau.

La Confluence : le ventre des architectes 

A moins de suivre les traces du Parfait Flâneur et de se retrouver dans une exposition du Palais de Tokyo à Lyon – si, si ! – improvisée dans un hangar du quartier des docks, il est fortement conseillé, avant de poursuivre la visite de la Biennale, de prendre le temps de se poser à la terrasse d’un café pour admirer les architectures futuristes résidentielles qui surplombent le bassin nautique des quais Riboud et Arlès-Dufour. Un peu plus loin, en bord de Saône, quai Rambaud, le délirant cube orange conçu par les architectes Jakob & BrendanMac Farlane héberge des entreprises dédiées au design et à la net économie ; puis, alternent restaurants gastronomiques et halles gourmandes de chaque côté de cet ancien entrepôt des années 1930 que les gones – les enfants du pays dans le vieux français local – appellent « Le Sucre » plutôt que La Sucrière. Au bout de cette promenade bordée par quelques péniches héritées du siècle dernier, un bâtiment de verre et d’acier, signé Odile Decq, héberge la Docks Art Fair, manifestation dédiée aux solos shows d’artistes présentés par des galeries internationales pendant les quatre premières semaines de la Biennale. Au loin se devine l’architecture du Musée des Confluences, ouvert aux sciences et à l’histoire des civilisations depuis décembre 2014. Impossible de faire l’impasse sur cette œuvre d’art en soi, conçue par l’agence autrichienne Coop Himmelb(l)au. Mais pour aborder le musée le plus cher de France – 287 millions d’euros, sans compter l’assainissement du terrain sur lequel repose ce parangon d’une postmodernité ostentatoire –, il est préférable de s’y faire déposer en tramway, tant le dédale d’autoroutes, de friches et de voies ferrées rappelant l’activité industrielle du quartier en rend l’accès piéton compliqué. Arrivé au pied du vaisseau spatial, pas question de s’y introduire en douce : avant d’emprunter à découvert les marches du grand escalier, par n’importe quelle intempérie, un tour du propriétaire s’impose… jusqu’à l’extrémité même de la presqu’île lyonnaise où se rejoignent le Rhône et la Saône : une expérience tellurique à vivre ! A l’intérieur, la salle 15 de l’institution héberge, dans le cadre de la Biennale, une installation vidéo de l’artiste Yuan Goang-Ming ; depuis le 13 octobre dernier, et jusqu’au 24 janvier 2016, une vaste exposition se propose d’explorer les rapports ambigus qu’entretiennent depuis toujours l’art et la machine.

Peter Robinson, photo Blaise Adilon
The Jacopetti Effect – Duck Rock Part 1@(détail), Peter Robinson, 2000
 

Au Sucre : le prix de la modernité

Retour à La Sucrière, où se déroule le deuxième volet de la Biennale : là aussi, une trentaine d’artistes repérés à l’international – parfois les mêmes qu’au Mac –, et cooptés par nos deux commissaires poursuivent un effeuillage critique de « La vie moderne » par des installations qui se répondent dans un espace ouvert, formant un parcours pour le moins déroutant : quel rapport entre la batterie de Céleste Boursier-Mougenot (Averses, 2014), activée par une pluie de noyaux de cerises tombant du plafond, et le « stand auto-moto » de Simon Denny ? Sous le regard hagard d’un monstre de métal, une puissante bécane en exposition, les logos d’une marque hypothétique sont fixés au mur comme une série de trophées… The Personal Effects of Kim Dotcom, son installationconçue pour la Biennale, s’annonce comme la réplique métaphorique « du concept d’innovation considéré comme force motrice de l’économie mondiale et des pouvoirs en place ». Redoutable ! Autre critique, non pas de la toute puissance, mais d’une obsolescence technologique programmée : les Pull over Time de Michel Blazy (initiés en 2013) sont des jardins miniatures jaillis d’un composte d’humus, de vieux pulls sagement pliés, de caméras et autres appareils numériques abandonnés ici comme les vestiges de nos prothèses high-tech. Une façon poétique – peut-être même optimiste – pour l’artiste de questionner la pertinence des cycles économiques face à la résistance de la nature et de la vie qui tendent à reprendre leur place ! Le jeune Hicham Berrada, 28 ans, à qui fut décerné le prix de la Francophonie, joue lui aussi les jardiniers à la poursuite de ses chimères avec ses cultures de jasmin entretenues sous une lumière violette. Avec Mesk-ellil, il nous rappelle toute la puissance olfactive libérée par les fleurs nostalgiques de son pays d’origine, le Maroc. Autres blessures d’une décolonisation tragique : dans une alcôve discrète en rez-de-chaussée, l’artiste Nguyen Trinh Thi revient dans une installation entre documentaire, performance et photographie (Landscape Series #1, 2013) sur l’histoire du Viet Nam : ses protagonistes posent un regard sociopolitique sur le paysage dont ils questionnent la mémoire en le pointant du doigt. A l’étage, Kader Attia répare et libère lui aussi une parole : plus d’une dizaine de postes vidéos, placés dans les (re)cloisonnements d’un bureau « open-space » à l’américaine, diffusent des témoignages : il s’agit là, par exemple, du point de vue d’un réalisateur, fils de psychiatre, questionnant les liens psychiques entre une personne née dans l’URSS des années 1960 et une autre ayant grandi au même moment dans la société africaine. Quelle place ces sociétés ont-elles laissé à l’épanouissement individuel ? Les oxymores de la raison est une des créations majeures de l’artiste en 2015. Plus faciles d’accès, ne serait-ce que d’un point de vue plastique, les sculptures de pneus déchiquetés comme des mues de serpent de Mike Nelson (M6, 2013) ou les céramiques dégoulinantes de Jamie Cameron, mieux connu pour ses images d’une Amérique « trash » et ses codes underground exposées au Mac, laissent des impressions très fortes. Mais libre à chacun de suivre son propre parcours, nous n’en donnons ici que quelques clefs…

Yuan Goang-Ming, photo Blaise Adilon courtesy Taipei Fine Arts Museum et Biennale de Lyon
Before Memory, Yuan Goang-Ming, 2011

Hicham Berrada, photo Blaise Adilon, courtesy  Kamel Mennour et Biennale de Lyon
Mesk-ellil, Hicham Berrada, 2015

L’art au couvent et chez l’habitant 

Aux côtés du Mac, du Plateau de région et de la Sucrière, quatre autres sites et institutions, dont la galerie photo de l’Institut Lumière – où est exposée Hannah Hurtzig –, sont partie prenante dans cette (dé)monstration XXL des revers de « La vie moderne ». Au couvent de la Tourette, à Eveux, les œuvres d’Anish Kapoor – mieux protégées ici qu’à Versailles – dialoguent avec l’espace et la nature dans un écrin signé Le Corbusier ; à l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne, on pourra découvrir le ressenti d’une nouvelle génération internationale montante dans le cadre d’une exposition intitulée Rendez-vous 15, proposant les œuvres de vingt plasticiens repérés dans dix autres biennales et triennales internationales : de Dakar à Fukuoka (Japon), en passant par Los Angeles, Shanghai, Sharjah (Emirats Arabes Unis) ou encore La Havane. Mis en place depuis 2002 avec le soutien de la Région et le concours des directeurs et commissaires du Mac, de l’Ensba, de l’IAC et de la Biennale, Rendez-Vous 15 est un format d’exposition voué à une circulation mondiale des points de vues : présentée à l’IAC jusqu’au 8 novembre (en accès libre avec le Pass Biennale), l’exposition sera visible à Singapour en juin !

Parallèlement à la mobilisation des institutions de la région, la plate-forme Veduta, véritable laboratoire ouvert à l’esthétique de la réception et à l’école de l’amateur se fait le porte-voix d’un art en partage. Depuis 2007, l’association duplique dans une programmation Copie-conforme des œuvres issues des collections des biennales antérieures, dont elle propage l’impact dans six villes de la conurbation lyonnaise. Cette année, outre une restitution de cette posture originale à la Fondation Bullukian, place Bellecour à Lyon, l’artiste Massinissa Selmani a été invité en résidence à la Cité des Etoiles de Givors, en juin dernier et le fruit de son travail a notamment été présenté début octobre dans une dizaine d’appartements privés.

 

Flâner au rythme de l’art dans la ville

Point n’est besoin d’attendre la saison de la Biennale pour partir à la découverte de l’art contemporain dans Lyon. En témoigne un détour par la presqu’île où deux enseignes historiques voisinent avec un nouveau venu prometteur. Depuis 1981, la galerie Le Réverbère éclaire la photographie contemporaine dans un espace de 300 m2, situé rue Burdeau, où se succèdent de nombreuses enseignes dédiées à l’art. Le regard aiguisé de ses fondateurs, Catherine Dérioz et Jacques Damez, leur vaut une réputation qui dépasse largement nos frontières. Ces deux limiers d’une photographie exigeante peuvent à la fois défendre le classicisme d’un Pierre Fenoÿl (1945-1987) dont Les paysages conjugués en noir et blanc sont exposés à la galerie jusqu’au 31 décembre, comme les visions à la fois ironiques et tendres d’une culture populaire chinoise exacerbée dans les clichés de Xiao Zhang. Ils sont aussi les commissaires de nombreuses expositions hors leurs murs, parmi lesquelles Entre intime et autoportrait [un temps dilaté], inaugurée le 18 septembre dernier à l’espace Ducros, à Grignan. A noter que depuis 2009, Le Réverbère bénéficie d’un nouvel espace (rue des Tables Claudiennes) : Le Studiolo, un petit cabinet de travail et de curiosité(s).

Anish Kapoor, photo Jonathan Letoublon
Non-Object (Door), Anish Kapoor, 2008
A quelques mètres, en face, toujours dans la rue Burdeau qui grimpe les pentes de la Croix-Rousse, Anne-Marie Pallade – commissaire d’expositions pendant plus de trente ans – a ouvert en 2007 avec son époux Roland, la galerie qui porte leur nom. « Nous voulions relayer et donner à voir au public lyonnais des artistes d’une renommée internationale », explique-t-elle.Chose faite avec brio. En septembre étaient présentés les dessins hallucinés de Frédéric Arditi, directement gravés sur médium, dont la puissance et la dextérité n’ont d’égale que la violence de notre modernité contradictoire et de ses questionnements métaphysiques, auxquels l’artiste se défend d’ailleurs de donner des réponses, mais qu’il souligne par un Christ à la fenêtre ou le « cerveau-moteur » déboulonné de ses personnages. Au train où vont les choses est le titre de l’exposition en cours – jusqu’au 4 décembre – et dédiée à Ivan Messac, dont les acryliques de locomotives aux couleurs vives traversent la nuit à toute blinde, sur les traces de ses ancêtres, telles des réminiscences de voyages surgies d’un rêve éveillé.

Ivan Messac, courtesy galerie Anne-Marie et Roland Pallade
Spitz rose, Ivan Messac
Un café chez Slika 

Ouverte depuis un peu plus d’un an dans le quartier des antiquaires du deuxième arrondissement, la galerie Slika s’est spécialisée dans le Street art. C’est aussi un café où l’on sert le breuvage d’un torréfacteur lyonnais accompagné de pâtisseries locales. Les artistes viennent en revanche du monde entier : invités par Jérémie Masurel, le fondateur du lieu, à graffer et taguer directement sur les murs, pour des collectionneurs avertis ou en quête de nouveaux talents. Moderne Jazz, THTF ou Jonnystyle y ont déjà laissé leurs graffs, des dessins vendus sous verre et des toiles. Car, comme chacun sait – ou le saura désormais ! –, slika signifie peinture… en Serbe ! Jusqu’au 20 novembre, la galerie présente Old School, une exposition collective qui réunit des œuvres signées JonOne, Crash, Daze, Keith Haring (1958-1990), Sharp, A-One (1964-2001) et Henry Chalfant, incontournables icônes de la rue.

JonOne, courtesy galerie Slika
Trail And Error, JonOne, 2002

 L’Ensba et la BF15  : les conspirationnistes du quai de Saône

L’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon – qui orchestrait récemment les Assises des écoles d’art de tout l’Hexagone – marque un excellent point de départ pour une dérive le long de la Saône. L’école de dessin gratuite, fondée en 1756 pour y former des talents destinés à la fabrique de soieries, s’est depuis exercée à bien d’autres médias ! Son directeur Emmanuel Tibloux, qui vient de chapeauter le sixième numéro de la revue d’art et de recherche « rétro-prospective » Initiales – avec notamment celles de JCA, pour Jean Christophe Averty, authentique précurseur d’un art vidéo populaire – peut bien s’enorgueillir du récent classement de son école à la tête des meilleures du pays. En s’installant sur le site des Nouvelles Subsistances, dédié aux arts de la scène, l’Ensba de Lyon s’est inscrite dans un laboratoire de création artistique transdisciplinaire, où elle occupe les 10 000 m2d’un bâtiment du XIXe siècle permettant, autour d’une cour carrée, la libre circulation et les échanges entre les ateliers d’artistes et les infrastructures du pôle d’arts visuels et sonores. Mais ce qui nous intéresse, pour l’heure, c’est son Réfectoire des nonnes : un espace de 350 m2 dédié aux expositions et ouvert au public l’après-midi, du mercredi au vendredi. En octobre, l’étudiant et chercheur Thomas Léon y a exposé des fragments de récit issus du texte d’Heinrich von Kleist, La Marquise d’O, dans le cadre d’un ensemble d’installations et de vidéos intitulé Fantôme et œil mécanique. Une autre conspiration,fomentée pardouze jeunes artistes allemands et français, y est programmée du 20 novembre au 16 janvier prochain, dans le cadre d’un échange entre l’Ensba et la Hochschule für Graphik und Buchkunst (HGB) de Leipzig. Une performance déambulatoire du duo d’artistes Trapier-Duporté, vous guidera – au départ de l’école le 19 novembre, à 19 h 30 – , jusqu’à la BF15, à quelques centaines de mètres à pied en aval du quai de Saône où, depuis le 8 septembre, la galerie associative célèbre ses 20 ans. A cet égard, une édition rétrospective consigne les traces de plus de 120 artistes et collectifs invités au fil de 80 expositions sous le commissariat de Perrine Lacroix : « Plus qu’un lieu de monstration, la BF15 est un lieu malléable, une plateforme d’expérimentation in situ, qui accompagne les artistes, dit-elle. Un peu comme le nom de cette pomme de terre de qualité – la Bf15 – qui permet de concocter toutes sortes de plat ! » Jusqu’au 7 novembre, l’artiste Anne Le Troter, qui s’est inspirée de l’histoire de cet espace précédemment occupé par un ancien magasin de revêtements de sol, nous donne à entendre, dans un déploiement de moquettes de couleurs, une pièce sonore, conçue in situ, avec neuf enquêteurs téléphoniques recrutés dans un institut de sondage. Cette chorégraphie auditive de 13 minutes, rythmée par l’alternance des voix d’un homme et d’une femme sur des échanges de balles de ping-pong, témoigne de notre modernité aliénée par le formatage sociétal du langage, avec la poésie et l’humour d’un questionnaire absurde. On l’écoute !

Photo courtesy Ecole des beaux-arts de Lyon
Vue de l’Ecole des beaux-arts

Rives de Saône : saison 2 d’un « River movie »

Depuis septembre une nouvelle exposition, initiée sous la direction artistique de Jérôme Sans, l’ancien directeur du Palais de Tokyo, propose 23 nouvelles œuvres contemporaines à découvrir le long des berges de la Saône. Cette mise en scène, conçue comme le nouvel épisode d’un « River movie » déployé sur les 11 km de rives entre La Confluence et l’île de La Barbe, s’inscrit dans un projet bien plus vaste, initié dès 2002 par Le Grand Lyon afin de reconquérir ses fleuves et d’offrir au public une relecture de son patrimoine naturel, historique et industriel. Outre Tadashi Kawamata et ses passerelles entrecroisées comme l’arrêt sur image d’une partie de mikado, une dizaine d’artistes se sont donnés pour mission de réenchanter la rivière sur les thèmes, entre autres, du jeu, du voyage ou de la féérie : les lucioles aquatiques d’Erik Samakh, qui s’illuminent la nuit, ou la couronne de perles de verre géantes de Jean-Michel Othoniel font autant référence aux princesses et aux elfes qu’au mystère des druides qui, dit-on, s’étaient installés sur l’île de la Barbe. Sur le mur du bas-port, les masques-passeports de Pascale Marthine Tayou apparaissent comme les vestiges archéologiques d’une autre civilisation engloutie. Des balades guidées gratuites proposent d’embarquer une vingtaine de personnes dans une déambulation sur le thème « Etonnantes perspectives » et bien d’autres thématiques récurrentes proposées jusqu’en décembre. Libre à chacun de s’abandonner à la contemplation ou à la dérive de ses interprétations les plus fantasques au hasard des rencontres engendrées le long de la Saône. Plus d’infos sur www.rivesdesaone.com.

Anne Le Troter, courtesy BF15
Installation signée Anne Le Troter
Pascale Marthine Tayou
Au fil de l’eau, Pascale Marthine Tayou

Les alternatives du 7e arrondissement

Au cœur du quartier populaire du 7e arrondissement, s’est installée dès 1994 la galerie associative Roger Tator ; Marie Bassano nous y accueille dans un « white cube » envahi par une goutte géante, blanche ! Une excroissance du faux plafond aussi généreuse qu’inquiétante et intitulée Pegar !, en référence au mot signifiant « poisser » en occitan. C’est le dernier détournement formel de Nicolas Momein – représenté à Paris par la galerie White Projects. La bombance lactée de PVC – pour employer le terme technique – tiendra-t-elle la pression exercée par les 20 litres d’eau qu’elle contient jusqu’au 13 novembre ? A la croisée du design, de l’architecture et de l’art conceptuel, cette sculpture sous forme d’expérience est assez emblématique du positionnement de la galerie Roger Tator. Fondée par Laurent Lucas, qui enseigne le design de l’espace aux Beaux-Arts de Lyon, soutenue par la région Rhône-Alpes, la Drac et la Ville, elle n’a pas vocation commerciale mais fonctionne comme une tête de pont et est à l’initiative de projets hors les murs tels que la Factatory, ensemble pérenne d’ateliers d’artistes modulaires – mis à disposition par le biais d’appels à projet –, installé sur un terrain adjacent de 5 000 m2 loué à la SNCF depuis 2008.

Située à l’angle de la rue d’Anvers et celle de la Thibaudière, près d’une petite épicerie équitable et d’un café thaïlandais, la galerie Roger Tator collabore volontiers avec Bikini, une autre structure associative dotée d’une vitrine, et la galerie Snap, un espace privé ouvert dans le quartier en 2013 par l’artiste Paul Raguenes. Plutôt que de continuer à « superposer mécaniquement des carrés sur des rectangles, puis des rectangles sur des carrés, (…) et avant même qu’un carré blanc ne s’évade sur la nappe (…) », Paul Raguenes – qui consignait cet hommage à Malevitch dans un poème autoportrait (http://paulraguenes.blogspot.fr) en 2006 – a choisi de donner une plus grande visibilité à l’abstraction : « Je trouvais qu’il manquait une offre privée comme celle-ci à Lyon », dit-il devant les évocations marines en dégradé de bleu de Sébastien Wickeroth et la vision architecturale de la tempête, du même artiste tout juste sorti de l’école de Düsseldorf. Une nouvelle exposition met actuellement en scène un travail de sculpture signé Benjamin Sabatier (jusqu’au 29 novembre).

Mais au fait, pourquoi la galerie Bikini, qui jouit d’un espace unique de 15 m2 se targue-t-elle de porter le nom d’un maillot de bain deux pièces ? C’est que chaque exposition est constituée d’une œuvre et d’un texte, tous deux mis sur un même pied d’égalité, vous expliquera Simon Feydieu, l’un de ses quatre membres fondateurs. Jusqu’au 29 novembre également, Bikini nous invite à venir découvrir dans sa vitrine 45 nights, 45 days, une exposition de l’artiste allemande Aleschija Seibt et un texte d’Antonin Horquin.

Il est grand temps, avant que le soleil ne décline, de retrouver la terrasse du bar Court circuit à l’angle des rues Thibaudière et Sébastien-Gryphe pour se ressourcer face à l’îlot d’Amaranthes : à l’initiative de l’artiste Louis Grand, spécialiste du végétal, et de la galerie Roger Tator, ce jardin artistique de plus de 1 000 m2, ouvert aux habitants du quartier, revisite le concept de jardin ouvrier auquel l’artiste confère un statut d’œuvre, non seulement dans sa forme mais aussi dans ses usages. Bien connue des Aztèques pour ses vertus nutritives, l’amaranthe est une grande « résistante », dont on dit même qu’elle détient les secrets de l’immortalité.

Sébastien Wickeroth, photo Orevo courtesy galerie Snap
Back and Forth (au premier plan)@et Forever, Sébastien Wickeroth

Lyon, tout un art de vivre ! 

Louis Grand, photo Orevo
Vue du jardin artistique Amaranthes, Louis Grand
Où dîner ? 

Installé sur le plateau de la Croix-Rousse depuis vingt ans, Le canut et les gones vous plonge dans l’antre bistro-brocante du collectionneur obsessionnel : plus de 310 horloges, lampes limonadiers et cendriers vous ramènent à la modernité manufacturée des « sweet » années 1950 aux exubérantes années 1970, alors que l’élégance contemporaine se joue dans l’assiette. Franck Blanc, le patron, y conjugue raffinement des mets et ravissement du palais : carrossier diplômé et chineur patenté converti à la gastronomie, il s’est doté depuis cinq ans, d’un chef japonais ! A partir des produits du marché, Junzo Matuno nous concocte des mets aussi zen et fleuris que les jardins du pays où il naquit.

Le premier menu du soir est à 28,80 € et les vins proposés dans une publication de 15 pages y sont très abordables. On y trouve en semaine un plat du jour à 11 € et les formules varient de 16 à 19 € le midi.

Le canut et les gones, photo Stéphane Léger
Restaurant Le canut et les gones
Où dormir ? 

Depuis 2009, le designer franco-argentin Pablo Reinoso investit les murs blancs du Collège hôtel, situé au cœur du vieux Lyon. Cette année, 41 chaises hissées sur la façade années 1930 de l’immeuble simulent une salle de classe dont les élèves seraient partis faire un tour. Si les 40 chambres de l’hôtel à thème sont aussi blanches que les pages d’un cahier de septembre, il a pourtant fallu chiner pendant trois ans pour meubler et décorer le hall d’accueil tout emprunt de la nostalgie d’une salle de classe rêvée par Jules Ferry ; la bibliothèque, l’amphi et les sept étages conquis par la modernité « vintage » du design des années 1950, jusqu’aux écrans high-tech de l’étudiant actuel. Idéalement situé au bord de la Saône, à 100 m des navettes fluviales qui desservent La Sucrière et le Musée des Confluences – de 10 h à 21 h –, le Collège hôtel propose plusieurs formules tarifaires dont une spéciale Biennale : « week-end sans devoirs » offre pour deux personnes une chambre à 145 €, petits déjeuners inclus ainsi que deux billets d’entrée à la Biennale et ses trois sites.

Pablo Reinoso, courtesy Collège hôtel
Installation sur la façade@du Collège hôtel, Pablo Reinoso
Quel guide choisir ? 

On peut le trouver dans 500 lieux de dépôt du Grand Lyon (théâtres, musées, galeries d’art bibliothèques, etc.), à l’Hôtel de Région ou dans les rames du réseaux Rhonexpress, mais qu(o)i donc ? L’incontournable Magazine : une revue bimestrielle dédiée à la culture, au voyage et à la découverte, gratuite et joliment maquettée. Créée en 2013 par l’écrivain et rédacteur en chef Philippe Deschemin, elle se nourrit de porosités : « Parce que la connaissance n’a de sens que lorsqu’elle est mise en perspective », L’incontournable Magazine est défricheur et transdisciplinaire à souhait. On y contemple, sur des doubles pages, les rendez-vous photographiques insolites de Cédric Roulliat, exposés à la galerie COD (Collection Of Design, 17, rue des remparts d’Ainay, 65002 Lyon). On y débusque des « alcôves d’objets visuels », qui sont autant d’ateliers d’artistes, et des spectacles en pays lyonnais. Mais on peut aussi y découvrir d’autres vallées à parcourir à bicyclette et vivre « l’épopée d’un piano sur les routes d’Europe » ! Le quinzième opus de L’Incontournable Magazine sera « vernis » le 12 novembre au Pola café du Village des créateurs, dans le premier arrondissement.  

GALERIE

Contact
Ecole Nationale des Beaux-Arts de Lyon, 10, rue Neyret, 69001, Lyon, France.
Tél. : 04 78 28 13 67 www.enba-lyon.fr.

Crédits photos
© Photo Orevo, © Anne Le Troter, courtesy BF15, © Bikini, photo Orevo,Installation sur la façade@du Collège hôtel © Pablo Reinoso, courtesy Collège hôtel,Before Memory © Yuan Goang-Ming, photo Blaise Adilon courtesy Taipei Fine Arts Museum et Biennale de Lyon, © Photo Orevo,Non-Object (Door) © Anish Kapoor, photo Jonathan Letoublon, © Le canut et les gones, photo Stéphane Léger, © Photo Stéphane Léger, © Photo courtesy Ecole des beaux-arts de Lyon,Sunspots (exposition Rendez-vous à l’IAC) © Johann Rivat, photo Dan Berilloux courtesy galerie Metropolis,Vue du jardin artistique Amaranthes © Louis Grand, photo Orevo,De gauche à droite : No Battery, Hello & Thank you, Failed Dog Training © Camille Henrot, photo Blaise Adilon, courtesy Kamel Mennour et Biennale de Lyon,Turtle, lion, bear (détail) © He Xiangyu, photo Orevo, © L’incontournable Magazine, photo Cédric Roulliat,Au fil de l’eau © Pascale Marthine Tayou,Spitz rose © Ivan Messac, courtesy galerie Anne-Marie et Roland Pallade,Back of Hollywood © Ed Ruscha, photo Blaise Adilon,The Jacopetti Effect – Duck Rock Part 1@(détail) © Peter Robinson, photo Blaise Adilon,Trail And Error © JonOne, courtesy galerie Slika,Back and Forth (au premier plan)@et Forever © Sébastien Wickeroth, photo Orevo courtesy galerie Snap,Pull over Time © Michel Blazy, photo Orevo,Mesk-ellil © Hicham Berrada, photo Blaise Adilon, courtesy Kamel Mennour et Biennale de Lyon,Les oxymores de la raison © Kader Attia, photo Blaise Adilon, courtesy galerie Nagel Draxler, Lehmann Maupin gallery et Biennale de Lyon,Pegar ! © Nicolas Momein, photo Orevo,Untitled (on the balcony) © Johannes Kahrs, photo Blaise Adilon, courtesy Zeno X gallery et Biennale de Lyon
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