Carte blanche – Chantal Colleu-Dumond choisit Luzia Simons

A l’occasion de l’e-mag spécial consacré à la photographie contemporaine publié par ArtsHebdo|Médias, une carte blanche a été donnée à Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire. Elle a choisi de présenter la série Stockage de Luzia Simons. Du 14 décembre 2013 au 2 mars 2014, la Pinacothèque de São Paulo accueillera l’artiste brésilienne.

« Née à Quixada, dans le Nordeste au Brésil, Luzia Simons, qui fit des études d’histoire et d’art en France, à la Sorbonne, vit en Allemagne depuis 1986, partageant son temps entre Berlin et São Paulo. A la croisée d’influences anciennes et de procédés très contemporains, elle développe une œuvre originale, principalement liée au végétal, utilisant une technique particulière, à la limite de la photographie et de la peinture. Luzia Simons recourt en effet au scannogramme, lequel, par un processus très lent de balayage et de captation, confère à ses images une précision et une intensité extraordinaires. Fascinée par les tulipes, symbole, à ses yeux, de la vie humaine, en raison de leur beauté multiforme et de leur extrême fragilité, elle crée, dans la série intitulée Stockage, de fascinants tableaux, paysages fantastiques et sublimement aléatoires.?Ce qui frappe en premier lieu, c’est le changement d’échelle de ces fleurs géantes aux dimensions spectaculaires. C’est aussi la suppression de la perspective, qui octroie à ses images une profondeur exceptionnelle et une envoûtante densité. C’est enfin la finesse et la grâce des détails, autant que la subtilité des accords chromatiques, l’artiste se jouant de toutes virtualités des tons de rose, de rouge, de pourpre ou d’or, savamment orchestrés. Les couleurs apparaissent comme ciselées, la photographe dépixélisant et repixélisant patiemment ses images, pour aboutir à de fabuleux trompe-l’œil, hallucinants et poétiques herbiers de notre temps.? Mats ou brillants, selon qu’elle fasse appel ou non au Diasec, proposant de splendides pêle-mêle de pétales et de sépales délicats et soyeux, les scannogrammes de Luzia Simons semblent, à première vue, avoir partie liée avec la tradition baroque des « vanités ». Ils font aussi songer à la somptuosité des peintures flamandes, évoquant les chambres des merveilles ou les cabinets de curiosités. Comme ces « natures mortes » d’autrefois, aux temps étonnants de la « tulipomanie », ses diptyques ou ses triptyques célèbrent la fuite du temps, l’extrême beauté de la fugacité et la caducité de toute chose. Mais la force de cette œuvre sensible et vibratoire réside dans cette tension, cette ambiguïté profonde entre l’impermanence de la nature et sa suprême beauté.?La tulipe, par ses origines et ses voyages, est aussi pour l’artiste, Brésilienne installée en Europe, une métaphore de la mobilité et de la mondialisation, des transferts d’identité, des allers-retours entre l’Orient et l’Occident, à la fois synonymes de ruptures et d’enrichissements féconds.?Luzia Simons expose régulièrement au Brésil, en Allemagne et en France. Nombre de ses photographies figurent dans des collections privées et publiques. Elle est représentée par les galeries Alexander Ochs à Berlin, Nara Roesler à São Paulo et Fabian & Claude Walter à Zurich. Une grande exposition lui sera consacrée à la Pinacothèque de São Paulo à partir du 14 décembre. »  Chantal Colleu-Dumond

Luzia Simons, VG Bild-Kunst, Bonn
Stockage 121, Luzia Simons, 2011
Luzia Simons, VG Bild-Kunst, Bonn
Stockage 55, Luzia Simons, 2009
Luzia Simons, VG Bild-Kunst, Bonn
Stockage 76, Luzia Simons, 2009

GALERIE

Contact
Segmentos, du 14 décembre 2013 au 2 mars 2014, à la Pinacothèque de São Paulo
Crédits photos
Exposition au Centre d’arts et de nature © Luzia Simons courtesy Domaine de Chaumont-sur-Loire,Stockage 76 © Luzia Simons, VG Bild-Kunst, Bonn,Stockage 121 © Luzia Simons, VG Bild-Kunst, Bonn,Stockage 55 © Luzia Simons, VG Bild-Kunst, Bonn
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