Vladimir Velickovic | Entre chien et loup

« Soyons franc. On ne présente pas ou plus l’œuvre de Vladimir Velickovic. Un travail qui se déploie à compter de 1959 en vastes séquences où la puissance visuelle s’accorde à la virtuosité technique en dévoilant sa propre intelligibilité dans son existence même. Un art poétique qui se révèle dans l’expérience et non dans la règle. Ici le dessin irrigue la peinture, la structure, la prolonge. La force du propos, l’évidence de cette pensée visuelle peut induire une admiration muette. L’émerveillement le dispute à la stupéfaction dans cette captation des regards. Pour autant la glose n’oblitère pas l’émotion. L’intelligence de la peinture peut se découvrir entre le vertige et le commentaire. Toutefois la sensation reste première. Car c’est bien de cela dont il est question, de ce trouble indicible que la peinture suscite. Les différentes pièces présentées par la galerie Anne-Marie et Roland Pallade se déclinent au présent de l’artiste. Réalisées entre 2016 et 2018, elles prolongent sa pérennité thématique : feux, corbeaux, chiens, avec une inflexion particulière sur l’espace. Les quelques éléments présents de la figure et du corps s’inscrivent en effet dans le paysage. Aucun dessin, la peinture étant privilégiée, mais quelques sculptures. Des têtes, projets / modèles d’une création plus ample qui se découvre désormais sur le chemin qui conduit au Vésuve. Le feu, les brasiers, l’incandescence, plus que jamais … Mais aussi les gibets, les potences, les corps suppliciés. L’appréhension de l’horreur … La sélection existe. Choisir de donner à voir… Pour Velickovic le simple fait de proposer une période pose question car chaque œuvre se révèle, dans le même mouvement, rétrospective et annonciatrice. Ici point de segment, mais un même souffle, un seul geste, la manifestation d’une singulière volonté de rendre compte du silence habité du chaos. Chaque élément développe ainsi l’essence du projet plastique, de ce qu’il faut appeler une manière, un style, un univers. (...) Velickovic a la conviction que la flamme de la peinture a été préservée par certains grands artistes figuratifs. Il trouve naturellement sa place sur la liste, non comme le gardien d’un temple en péril mais tel le messager d’une peinture qui sait trouver en elle-même les moyens et les fins de son dépassement. » Robert Bonaccorsi. Visuel : Gibet, Vladimir Velickovic.