Susumu Shingu | Spaceship

« A l’écoute de la nature, Susumu Shingu en a perçu le potentiel inépuisable de variations, et c’est probablement ce qui explique la fraîcheur réjouissante que son travail conserve, cette surprenante capacité de renouvellement. Le vent est là, partout et tout le temps. Il est un mouvement de l’atmosphère, invisible ; néanmoins, à sa guise, il imprime sa marque. Il se lève, il tombe. Insaisissable et versatile. Toutefois sans rencontres, le vent demeure une abstraction. Les sculptures de Susumu Shingu le matérialisent, sans le réduire à un simple rôle de force éolienne. Le souffle de l’air joue avec les éléments comme bon lui semble et les modifie constamment. Un corps inerte soudain s’anime, une âme lui est insufflée, et on pense alors aux plans des films de Yazujirô Ozu, Bonjour par exemple, dans lequel le linge coloré pendu sur un fil se soulève discrètement au gré de la brise. Un temps suspendu dans l’espace, qui ne s’écoule pas, mais au contraire se répète. Cette succession infinie d’instants est autant de poèmes fugaces qui nous convainquent du caractère cyclique du vivant et de son éternel recommencement, voici ce que nous révèlent les œuvres de Susumu Shingu. » Marie-Noëlle Farcy & Clément Minighetti, commissaires de l’exposition. Visuel : Wind Caravan (détail), Susumu Shingu, 2000.