Stefan Kürten & Marie-Anita Gaube | Through the mirror

Que ce soit à partir de ses propres photos ou dans son environnement immédiat, dans les livres et les magazines, les peintures de Stefan Kürten sont des constructions artificielles, soigneusement composées même si les lieux évoqués éveillent un sentiment de déjà-vu, ces architectures et ces lieux n’existent pas en tant que tel en réalité. Il dépeint des environnements qui ne sont pas sans évoquer ceux auxquels on aspire ou qu’on tente de créer – un lieu de vie parfait – une maison comme symbole de nos rêves et de nos espoirs, à l’architecture moderniste proche du style Bauhaus et du mouvement “Prairie houses“ d’un Frank Lloyd Wright, dont l'artiste de par sa culture allemande et américaine connaît bien le sujet. Toutefois à y mieux regarder, un point de rupture se faire sentir. L’indétermination des sources de lumière jetant des ombres improbables ou des reflets sans correspondances suscite une étrangeté à ces scènes idylliques. Les parties qui devraient être sombres sont éclairées et vice-versa ; un peu à la manière d’un négatif en couleur endommagé par le temps (même si ici les couleurs n’en sont pas affectées). Avec les peintures de Marie-Anita Gaube (Française, née en 1986) on bascule dans des univers qui ont toute l’instabilité d’un conte fantastique, à la spatialité résolument plurielle où fourmillent d’infimes détails. C’est une peinture de l’intranquillité fragmentée en saynètes dont la logique s’enfuit et où l’expérience du regard requiert une quête patiente, une lecture intimiste quasi-paradoxale au regard de ses grands formats. Une peinture du mouvement et du devenir, une image qui anticipe ou précède une scène, une invitation à voir au-delà de l’image, du cadre, à puiser dans notre propre imaginaire. Visuel :  Stefan Kürten, Deeper Well, 2012.