Soufiane Ababri | Haunted Lives

« Originaire de Tanger, ville peuplée de joutes verbales et de flâneries littéraires immortalisées sous la plume de Ginsberg, Burroughs ou Kessel, Soufiane Ababri porte sur Tanger ce que Genet appelait ses “jugements magnifiants”, un regard transformant la réalité entre Orient et Occident revendiqué par ses choix esthétiques et littéraires. On l’imagine se laissant aller à la déambulation, saisissant sur le vif par la photo volée (dans une complicité “Genétienne”) ces fugaces fragments de désir irriguant ses dessins, esquisses révélatrices de ses thèmes de prédilection comme jetés, sans remord à la face du regardeur. D’emblée il est question de virilité, mais d’une virilité autre, décryptage abrupte d’une pensée dialectique à une pensée tragique. “Je réfléchis beaucoup au rôle de la violence dans l’histoire des formes, aux mécanismes de domination et comment produire un travail qui les démantèle”, précise-t-il. (...) Soufiane Ababri examine essentiellement l’ambivalence d’une société, traversée de tensions qui ne reflètent pas tant des contradictions que des complémentarités. Il porte en héritage sa propre histoire comme un mille-feuille d’événements intimes. Féru de sociologie son travail est tout entier un jeu de regard, il observe un monde qui l’observe jouant la carte d’une introspection mêlant perception particulière, représentations communes et faits sociaux convenus. Un exercice à l’image des miniatures perses, jeu subtil entre ce que l’on cache et ce que l’on montre. » René-Julien Praz, galeriste. A noter que dans le cadre du Festival international de littérature de Toulouse Métropole Le Marathon des mots, qui se tient à Toulouse du 28 juin au 1er juillet, Soufiane Ababri offrira au regard des visiteurs ses œuvres aux crayons de couleurs. Visuel : Vue de l’exposition Haunted Lives, Soufiane Ababri. Photo courtesy galerie Praz-Delavallade.