Rodney Graham | Lightboxes

La décision de mettre sa propre biographie au service de l’art implique toujours une décision en faveur d’un rôle précis. Dandy ou bohémien, allié des opprimés ou pourvoyeur des privilégiés – à l’instar de chaque profession, le statut d’artiste véhicule aussi ses propres clichés. Le Canadien Rodney Graham met en scène ces stéréotypes avec virtuosité, se demandant comment les identités individuelles se construisent à partir de la distribution sociale des rôles. L’obsession de la profession. Et toujours, dans le rôle principal : lui-même. Son médium : le classique caisson lumineux publicitaire. Ainsi, l’antiquaire mis en scène avec une profusion de détails ou encore le cowboy moderne deviennent les supports publicitaires d’eux-mêmes. Pourtant, sous la surface lisse et lumineuse de la photo éclairée, derrière la scénographie perfectionniste, point toujours la mélancolie ; on devine ce qu’il en coûte de devoir jouer à la perfection son rôle dans le grand théâtre de la vie. A peine un sourire, on croise rarement le regard. Celui-ci s’échappe volontiers vers le néant, le lointain – ou bien vers le passé. Visuel : Media Studies, 77, Rodney Graham, 2016.