Rencontres à Réattu | Exposition collective

Véritable conservatoire de la mémoire des Rencontres, le musée reçoit depuis plus de 15 ans des œuvres de la part du festival qui ont fini par constituer une collection singulière. Libérée des impératifs de la conservation du patrimoine photographique et de la représentation de l’Histoire du médium, cette collection est le fruit du regard des directeurs du festival et de ses commissaires d’expositions, mais aussi de la liberté laissée aux artistes de donner des tirages à l’issue de chaque édition. En prise directe avec la création la plus actuelle, elle reflète l’étendue des territoires explorés par la photographie, de l’approche documentaire aux tendances les plus plasticiennes. Ancrée dans les collections historiques mais construite à partir des acquisitions les plus récentes, l’exposition préfigure le musée Réattu de demain et l’avenir d’une collection photographique en pleine mutation. Elle y célèbre le rôle jubilatoire du dépôt des Rencontres : celui d’un agitateur de particules, d’un agent révélateur qui vient précipiter la collection de la « Section d’Art Photographique », instaurée en 1965 au sein d’un musée voulu comme un laboratoire, ouvert à toutes les hybridations possibles entre photographie, beaux-arts et art contemporain. En s’attachant à la question du portrait, véritable fil conducteur du dépôt des Rencontres et de la collection du Réattu, les œuvres déclinent la vision des photographes sur le rapport entre artiste et modèle et interrogent, sous forme de lecture croisée, les missions assignées à la photographie : identifier, reconnaître, inventorier, classer, explorer les méandres du corps et de l’esprit humain. Qu’elle représente un groupe ou un individu, qu’elle soit l’œuvre d’un d’anonyme ou d’un artiste reconnu, chaque photographie présentée témoigne de son époque, du mélange de fascination et de répulsion que l’homme nourrit face à sa propre image, et participe à la construction d’une étonnante suite de personnalités qui se rencontrent ici en toute liberté : les yakuzas, les fans des extra-terrestres, les cyclistes, les transgenres, les Arlésiennes, les prêtres et les bonnes sœurs, les pygmées, les amants, les grévistes, les touristes, les gitans, les passants, les militaires, les étudiants, etc. Visuel : Kishin Shinoyama, Tatouages, Yokohama, 1974, don de l’artiste, 1975 © Kishin Shinoyama.