Nadine Lahoz Quilez | Si près du lointain

« Si l’on tire le fil de l’œuvre de Nadine Lahoz Quilez, on déroule le corps comme on suivrait la ligne continue d’un dessin au trait. L’artiste s’intéresse au corps pour se pencher sur les êtres. Ces membranes de l’entre-deux, fascias, peaux, sont autant de zones de transmission que l’on retrouve souvent déclinées dans l’œuvre de Nadine Lahoz Quilez, dans des moulages translucides de bustes de femmes ou dans son tube de sisal noué, venant définir un territoire brut et ouvert à la découverte. Des interfaces charnières filtrent en même temps les troubles du biologique et du sensible. Ces espaces de flottements sont à l’origine de la tension du dedans au-dehors qui façonne la dialectique entre le moi et les autres. Le corps se déplie et s’expose comme un patron ou une carte. Des coordonnées imaginaires y apparaissent venant déplacer perpétuellement la nature supposée des identités anatomiques. La chevelure est un outil visuel et symbolique qui traverse beaucoup de ses œuvres. Elle est un apparat dans La belle et la bête, un trophée de chasse, une toison géante dont l’ambivalence exalte les sentiments contradictoires d’attraction et de répulsion. La chevelure protège et détruit. (...) L’intime dépeint par Nadine Lahoz Quilez pense l’émancipation. Il n’adhère pas au genre littéraire dit “intimiste”, genre romantique sur la réalité de l’individu. L’intime traité par l’artiste comme autant de béances, se propose au contraire d’être un terrain d’invention des hybridations, un champ d’exploration des possibles. » Barbara Satre, historienne de l’art. Visuel : © Nadine Lahoz Quilez.