L’Intime & Le Monde | Exposition collective

« Ils sont trois. Des éboueurs, Marianne Berenhaut (née à Bruxelles en 1934) dit que ce sont “les historiens des temps présents”. En chinant et en ramassant ce qui traîne, s’offre et l’inspire, elle anoblit les déchets du monde, les petits, les laissés pour compte. De l’aura qui les nimbe, se lèvent des personnages, une comédie humaine de fantômes et de fantaisies habités d’une présence tendre et fragile. (...) Une fougue et une énergie irrépressibles animent Sarah Kaliski (Bruxelles 1941 - Paris 2010). Tout support convient à sa passion: des pelures séchées d’avocat au noble papier de soie. Elle n’a de cesse d’aller de sagas amoureuses en destins arrêtés d’enfants et de familles exterminés. Sa main connaît la grâce impressionnante et péremptoire de l’évidence. (...) Dans les tableaux d’Arié Mandelbaum (né à Bruxelles en 1939), les figures surgissent du blanc, y retournent, en reviennent. Les vibrations du temps sont infinies. Elles ont la présence insaisissable des spectres mouvants. Corps sans corps, volumes en lévitation, le peintre convoque la mémoire de l’aspérité charnelle du réel plus que son illusion. (...) Chacun crée et vit de son côté. C’est l’amitié et le respect réciproque pour leur œuvre et leur quête respective qui les rassemblent. Pourtant, à les voir ainsi côte-à-côte, par-delà leurs singularités – pratiques, supports, techniques distincts –, on est saisi par les rebondissements et les recoupements. On est frappé par les incessants allers-retours de l’intime des corps souffrants et désirants aux horreurs infligées par l’Histoire. (...) Chacun répond à sa manière d’un monde qu’ils partagent. Et le souffle des revenants les habite tous les trois. » Gérard Preszow, réalisateur et écrivain. Visuel : B.K.M., Arié Mandelbaum, 2017.