Frédéric Atlan | Opérations

Les opérations dont il s’agit ici sont de deux ordres, mathématiques et chirurgicales tout à la fois. Elles sont illustrées par un corpus d'oeuvres mêlant photographie (Tétragrammisations), peinture  (Géométrie des ruines) et vidéo. Les Tétragrammisations sont une combinaison par des voies algorithmiques de toiles peintes utilisées pour réinterpréter des photographies. Travaillées par la tension entre la peinture qui en forme la base, et le numérique comme grand interprétant universel qui unifie et égalise toute chose, les tétragrammisations apparaissent comme les images fantomatiques d’un monde perdu dans un kaléidoscope visuel.  Elles proposent ainsi une nouvelle mathesis, un ordre global articulant les deux modes de représentation, la matière et le geste d’un côté, le pixel et l’algorithme de l’autre. Tout aussi fantomatiques, les tableaux de la série Géométrie des ruines utilisent au contraire les ressources de la peinture et de la toile pour construire une archéologie des traces mystérieuse et délicate. Ici c’est la toile et non la peinture qui dessine : par collage et arrachage, l’artiste fait émerger des vignettes comme des impressions, bois gravé érodé, livre effacé. Une exploration à cœur ouvert dans la matérialité de la peinture. Enfin, une œuvre vidéo jamais présentée, Spinning away II - The crossover : sur un fond sonore de plus en plus sombre, une bobine, opérateur de temporalité, va et revient vers nous, jusqu’à faire tomber à la renverse l’œil du spectateur… En contrepoint, des explosions de couleur pure, pour (tenter de) réamorcer un état d’enfance de la peinture, brusque et tapageur. Visuel : Départs, Frédéric Atlan.