Florian Sumi | Maître Cœur

« Du nano au bio, du cognitif au numérique, toutes les dimensions sont convoquées dans les microfictions de Florian Sumi sur la nature humaine à l'ère post-(humaine, internet). Une série de tables présentant dessins et objets selon un classement conceptuel rend ici compte des multiples terrains de recherche, de la pluralité des connaissances mobilisées et détournées, des préoccupations et des techniques mises en œuvre. (...) A la manière des “méridiens” - dont ce Maître Cœur - qui, selon certaines médecines, traversent les différentes parties du corps pour y distribuer l'action des organes, Florian Sumi établit des transversalités entre ses projets spéculatifs, des continuités méthodologiques et conceptuelles. (...) Dans l'exposition Maître cœur, le visiteur est virtuellement invité au rituel intime – laïcisé ou non – de purification des chairs qu'est le bain de pied. Ce qui pourrait être pratiqué dans la moiteur d'une salle de bain privée prend ici une connotation étrange. Bien que ce type de dispositif soit généralement doté d'une finition clinique par les procédés de fabrication industriels, ce n'est pas son aspect artisanal qui surprend. Ce ne sont pas non plus, ou pas uniquement, les études topographiques des corps servant de décor au cabinet de bain qui créent ce sentiment d'étrangeté. C'est plutôt la normalité possible du dispositif introduite par ce “et si”. Cette pratique millénaire se trouve déplacée par l'intrication des échelles domestique et urbaine, par la possibilité de l'exhibition de l'intime dans la galerie et, par extension, dans la rue, dans la ville. En dernière instance, le doute s'instaure que cela puisse fondamentalement altérer nos sensations. Faire des meubles pour faire des mondes, voilà alors sans doute une façon de résumer le programme de Florian Sumi. » Emmanuelle Chiappone-Piriou, commissaire de l’exposition.