Bertille Bak | Le Tour de Babel

Invitée en résidence à Saint-Nazaire par le centre d’art le Grand Café, Bertille Bak a été contrariée dans ses habitudes de travail pour la production de Le Tour de Babel. Alors qu’elle souhaitait développer son projet au sein des chantiers navals et inviter les personnes rencontrées à devenir les acteurs de la vidéo, elle n’a pu y accéder pour filmer les ouvriers ou les marins travaillant sur les paquebots gigantesques. C’est donc principalement à partir de collectes d’informations que le film s’est construit. Le Tour de Babel tutoie nombre de problématiques (tourisme de masse, consumérisme, société de loisirs, droit du travail, immigration…) en évitant soigneusement de s’y engouffrer. L’artiste détourne le gigantisme du paquebot à son profit, l’abordant comme un organisme dont chaque cabine serait une cellule. Ce module revient constamment : maquettes dans l’atelier, cabanes sur le chantier, chambres des marins ou cabines des croisiéristes. Les individus y sont cantonnés à jouer leurs rôles : s’activer ou se prélasser. Les gestes sont chorégraphiés et nous détournent ainsi d’un trop grand réalisme sur lequel s’épancher. Cette mise en scène est de plus amplifiée par des enregistrements sonores, évoquant les sites auxquels l’artiste n’a pu accéder, qui viennent doubler les actions et situations. Mais sous l’aspect de la fable divertissante, transparaît malgré tout une grinçante réalité. Visuel : Le Tour de Babel (vidéo), Bertille Bak, 2014. Collection FRAC Normandie Caen.