Anouk Grinberg | Mon premier cercle

« J’ai commencé le théâtre et le cinéma à 13 ans, mais j’ai toujours dessiné en secret, dans les loges, les coulisses, à la place des bavardages, et surtout pour les enfants dont je me sentais faire partie. Longtemps, j’ai dessiné des animaux, des paysages et des miniatures, comme un imagier des bonheurs, une façon de me recomposer un monde. Sans doute que l’incroyable fragilité de ce qui est bon et vrai m’y poussait. Un fort appétit du bonheur aussi. Je dessinais sans du tout me prendre au sérieux, un peu comme des femmes font des tartes, juste pour la chaleur. Avec le temps, ça s’est aggravé. Les dessins ont sérieusement envahi ma vie, ma tête, et ils sont devenus plus âpres, moins civilisés. Ils sortaient comme des geysers. Des parades. J’étais sourde aux modes, je ne m’occupais que de transcrire littéralement ce que je voyais du monde. (...) Isabelle Wisniak, dans sa petite galerie toute ludique, me fait la joie de rassembler les deux versants de mon regard, sans plus opposer le sombre à l’innocent. Et je crois bien que ça, c’est moi. » Anouk Grinberg. Visuel : Sans titre, Anouk Grinberg, 2016. Photo Xavier Pruvot.