Misleidys Castillo Pedroso et Rigo | Fuerza cubana #2

Mystérieuse, prégnante, rémanente, telle est l’œuvre de Misleidys Castillo Pedroso. Née en 1985 non loin de la Havane, avec un déficit auditif sévère, elle voit son père quitter le foyer alors qu'elle est encore une toute jeune enfant. La petite fille présentant un retard dans son développement, sa mère la place à cinq ans dans une institution spécialisée. Mais à mesure que les symptômes de l'autisme se précisent, elle doit la quitter. Elle vit alors chez elle, dans un isolement social total, avant de commencer, un jour, à peindre puis découper des silhouettes de bodybuildeurs - parfois plus grands que nature - bientôt rejoints par des faunes, des démons, des organes, dont certains en coupe partielle. Cette peuplade finit par orner toutes les pièces de la maison. Les languettes de scotch brun avec lesquels ils sont fixés sur les murs leur conférant comme une auréole surnaturelle. Son entourage prétend même que Misleidys présente d'exceptionnelles capacités de voyance et de clairvoyance, héritage de sa mère, et qu'il n'est pas rare qu'elle soit surprise en train de « converser » par geste avec ses œuvres. Signe que celles-ci sont détentrices d'un pouvoir qui dépasse la seule fascination qu'elles exercent sur le regardeur. Ses travaux sont présentés aux côtés de ceux de Guillermo Rigoberto Casola Marcos, dit Rigo, né à la Havane en 1961. Ses parents et sa fratrie souffrent comme lui de troubles mentaux ; l’un de ses frères est diagnostiqué schizophrène paranoïaque. Rigo dessine depuis l’enfance. Il offre ses dessins ou les jette. Son art tente d’exprimer son quotidien, le ressenti d’un cubain pauvre, mi artiste, mi fou. Il aime aussi regarder des films expérimentaux et tourne ses propres vidéos qu’il conserve jusqu’au moment où il trouve un ordinateur pour les diffuser. Rigoberto a été admis en hôpital psychiatrique à deux reprises. Il travaille actuellement comme gardien dans un service de l’Etat. Visuel : Œuvre signé Misleidys Castillo Pedroso.