Philippe du Crest | Agents de lumière

« Trente portraits, trente visages qui s’affichent. Trente personnes qui acceptent de se montrer, de surgir de l’ombre pour émerger dans la lumière. Le titre de l’exposition, Agents de lumière, choisi par Philippe du Crest n’a rien d’anodin. Initiée en 2011 par le photographe, cette série est réalisée en 2012 à Marseille en entreprises et dans un centre de formation d’apprentis. Elle correspond à un télescopage de la vie du photographe entre le passé ­? avec sa grand-­mère qui a “fait des ménages” ­? et le présent à travers sa lecture de Quai de Ouistreham de Florence Aubenas, livre qui raconte son expérience comme agent de propreté. Ce titre appelle de manière évidente la nécessité pour le photographe de regarder ces femmes et ces hommes peu reconnus, quasi invisibles ; ceux que l’on appelle communément les “travailleurs de l’ombre”, les petites mains du soir, de la nuit ou du petit matin et que l’on nomme dorénavant agents de propreté. (...) Philippe du Crest ne fait que très peu de retouches des couleurs et du cadrage, estimant que c’est le regard du photographe sur son sujet qui prime. (...) De l’humanité respire dans la série Agents de lumière car il sait en peu de temps, par quelques paroles, mettre en confiance son sujet pour que ce dernier déploie une énergie positive, une fierté peut-­?être oubliée. Dans notre société où la valeur du travail est mise à mal, le photographe lui redonne ses lettres de noblesse. La photographie, un outil en soit très commun, semble être le moyen propice servant à montrer autre chose, ce qui est inconvenant, caché ou déplacé, nous obligeant ainsi à travers une certaine esthétique, sans voyeurisme pour autant, à nous interroger sur nos failles ou notre propre regard. » Nathalie Béreau, galeriste et commissaire de l’exposition. Visuel : Saye, agent de service, Hôpital, Philippe du Crest. Collection Fare Propreté.